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>Genre & Climat>Accès à la technologie

Favoriser la diffusion et l’accès des femmes aux technologies climatiques

Évaluation1/3

L’innovation technologique est une composante indispensable de la répondre à la crise climatique. La mise au point et le transfert de ces technologies font ainsi l’objet de l’article 10 de l’Accord de Paris.

Au-delà des solutions que ces « technologies climatiques » apportent aussi bien en termes de résilience aux effets des changements climatiques que de réduction des émissions de gaz à effet de serre, elles constituent également un formidable marché, offrant des opportunités significatives de développement économique et social.

Elles représentent de fait potentiellement un puissant levier de transition et transformation vers un modèle plus résilient, moins carboné et plus équitable.

Or le dernier rapport de synthèse sur la mise en œuvre du plan d’action de Lima pour l’égalité des sexes montre encore une fois des lacunes dans le traitement des domaines d’actions liés au développement et au transfert de technologie et au genre.

En raison des normes sociales et culturelles, les inégalités entre les femmes et les hommes sont encore très fortes dans l’accès aux technologies climatiques et leurs avantages ; les femmes et les hommes, en particulier au sein des groupes discriminés, n’ont pas les mêmes accès aux formations techniques et aux informations sur les technologies appropriées et leur utilisation.

Le Centre et réseau des technologies climatiques (CTCN), est un acteur clé ans ce domaine. En tant qu’organisme opérationnel du mécanisme technologique de la CCNUCC, il est censé promouvoir le transfert accéléré, diversifié et élargi de technologies écologiquement rationnelles pour l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques, dans les pays en développement, conformément à leurs priorités de développement durable. Or encore aujourd’hui, les évaluations des besoins technologiques qui définissent les modalités d’appui du CTCN aux pays bénéficiaires n’intègrent pas la question du genre.

L’appui à la diffusion et à l’accès des femmes aux technologies climatiques répond directement au domaine prioritaire D du plan d’action Genre de Lima qui concerne la « mise en œuvre et moyens à disposition sensibles au genre».

Or, très concrètement, ce sujet n’avance pas malgré le portage par différents pays dont la France au sein des espaces de négociations. De fait, il manque aujourd’hui cruellement d’une approche différente pour l’ensemble des processus liés au transfert et développement de technologies Climat : analyse des sources et moteurs des inégalités de genre existantes et structurelles (manque d’accès et/ou de contrôle des ressources, y compris financières, difficultés d’accès aux organes de décisions, normes et lois discriminatoires…) qui empêchent un développement ou un transfert de technologies plus juste ou qui corrige ces inégalités.

Si l’évaluation de besoins technologiques n’intègre pas une analyse Genre du secteur concerné (agriculture, transports, bâtiments, urbanisation etc…), la réponse qui sera apportée sera aveugle aux inégalités de genre existantes et risque même de les exacerber.

Tout développement ou transfert de technologie doit être précédé systématiquement d’analyses des inégalités existantes dans les différents secteurs concernés (transport, agriculture, eau, politique de la ville etc.) afin que les stratégies mises en place puissent les réduire.

Dans ce sens, des études d’impacts doivent être réalisées sur les secteurs où les femmes ont des emplois ou activités, souvent précaires afin de déterminer leur incidence sur la division du travail entre les femmes et les hommes, les responsabilités etc.

Dans le cadre de son APD et de ses programmes de soutien, la France doit ainsi d’une part s’assurer qu’il y a une parité dans les personnes qui bénéficient des transferts de technologies et des formations et d’autre part diffuser des technologies intégrant les aspects Genre et les prérequis énoncés ci-avant (analyses et études d’impacts préalables). Elle devrait s’appuyer sur le retour d’expériences de pays très pro actifs et innovateurs en la matière telle que les Iles Marshall.16

D’autre part elle doit porter ces exigences auprès du CTCN notamment dans le cadre d’une demande d’évaluations des besoins techniques (Technical Needs Assessments) qui lui sont transmises. Les politiques climatiques doivent en outre garantir que les femmes et les hommes sont également consultés et impliqués dans les processus de prise de décision concernant le développement et l’utilisation des technologies, garantissant leur adéquation, fiabilité et leur accès.

 

16. La République des Îles Marshall est un exemple de bonne pratique de transfert de technologie sensible au genre et de mise en œuvre de politique climatique. Le pays s’est fixé un objectif national de 100 % d’énergie renouvelable d’ici 2050. Il a également réalisé une évaluation de l’égalité des sexes dans le secteur de l’énergie, qui a révélé que les femmes sont les principales utilisatrices des systèmes énergétiques décentralisés, mais n’ont pas été formées pour réparer ces systèmes. Les électriciens des Îles Marshall sont tous des hommes, mais souvent indisponibles pour les réparations car la plupart d’entre eux sont également pêcheurs. Grâce à cette analyse de genre, le pays a considérablement amélioré sa politique climatique nationale et a décidé de lancer un programme de formation ambitieux pour que les femmes deviennent électriciennes, avec un objectif de 20% au niveau national dans la prochaine décennie.