COP26 : Coordination SUD prend la mesure des engagements climatiques et solidaires de la France
Gardienne de l’Accord de Paris et portant un discours fort à l’international sur l’importance de rallier des acteurs et actrices variées pour accélérer la lutte contre les changements climatiques, la France est-elle elle-même une bonne élève ? Ses politiques publiques en matière d’aide au développement sont-elles suffisamment ambitieuses ? Se traduisent-elles par des changements concrets et durables pour les populations les plus affectées par les changements climatiques, notamment celles des pays les plus vulnérables qui en sont pourtant les moins responsables ? Coordination SUD publie un baromètre d’analyse des engagements climatiques et solidaires de la France et de leur mise en œuvre.
Face à la multiplication des impacts climatiques au Nord comme au Sud et aux alertes répétées du GIEC, la COP26 constitue un moment crucial pour que l’ensemble des pays riches rehaussent leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et leur soutien financier aux pays du Sud. Coordination SUD appelle à ce que la France en tant que gardienne de l’Accord de Paris et affichant une diplomatie féministe, pousse l’ambition de ses actions à un niveau plus élevé en alignant ses discours avec des actes concrets, mesurables et avec un impact transformatif.
Pour Olivier Bruyeron, président de Coordination SUD, “la COP26 doit être l’occasion pour les États de revoir leurs ambitions et consolider la mise en œuvre effective de leurs engagements. Notre baromètre propose sur ce point tout un ensemble de recommandations qui montre les prochaines étapes à franchir”.
Énergie & climat : la cohérence est questionnée
Les choix pris par la France en matière de soutien aux énergies – soit renouvelables soit fossiles – dans le cadre de sa politique de solidarité internationale, auront des répercussions majeures en termes de croissance des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. En parallèle, les conséquences du dérèglement climatique auront un contrecoup sur les ressources et les infrastructures de production et de transport de l’énergie. Elles peuvent rendre celle-ci inaccessible pour certaines populations, dont les plus vulnérables.
Pour Lucas Winkelmann, expert Climat et Carbone au Geres : “Parmi les constats les plus prégnants observés dans le baromètre, certaines des actions de la France, notamment au travers des soutiens à l’export, nous paraissent encore trop souples et incompatibles avec une limitation de la hausse des températures moyennes sous les 1,5°C”. Un exemple, le gouvernement a publié fin septembre 2020, en parallèle du projet de loi de finances 2021, un rapport fixant une trajectoire pour l’exclusion de projets liés aux énergies fossiles. Ce rapport va dans la bonne direction mais l’action de la France mériterait d’être plus ambitieuse. Cette ambition est également questionnée par la participation de la France et de l’Union européenne au Traité de la charte de l’énergie de 1998 qui met en péril la mise en place de politiques climatiques cohérentes avec l’Accord de Paris. Cette contradiction implique que la France et l’UE quittent ce traité.
Genre & climat : les moyens ou les leviers sont-ils toujours à la hauteur ?
Les femmes et les filles sont touchées de façon disproportionnée par les effets des changements climatiques, qui aggravent les inégalités sociales existantes et menacent leur santé, leur sécurité et leur capacité de subsistance. Pourtant, de par leurs savoirs et compétences, elles sont des actrices-clé pour renforcer les actions d’atténuation, d’adaptation et de réduction des risques face aux changements climatiques.
“Notre analyse démontre que la France doit aller plus loin pour renforcer la participation des femmes aux instances de décision sur le climat du local à l’international”, selon Fanny Petitbon, responsable plaidoyer de l’ONG CARE France. “Il ne s’agit pas de remplir des quotas mais de donner aux femmes la possibilité de faire entendre leurs voix, de partager les solutions qu’elles développent en faveur du climat et de la biodiversité, adaptées aux besoins de toutes et tous. Par ailleurs, si la France a fait un premier pas pour améliorer son soutien financier à des organisations locales féministes, y compris celles qui se battent en première ligne face aux impacts climatiques, elle doit pérenniser ce type de soutien et garantir que les financements soient flexibles et permettent de toucher une large variété d’organisations. C’est un levier essentiel pour lutter efficacement de pair contre les changements climatiques et les inégalités de genre.” En cohérence avec sa diplomatie féministe, il est primordial que la France s’investisse davantage dans la mise en œuvre du plan d’action Genre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et en devienne un des moteurs.
Durant la COP26, la France, garante de l’Accord de Paris, devra porter une parole forte à l’international en matière de climat. Les pistes d’amélioration sont connues. Son action devra s’incarner dans des politiques climatiques qui soient cohérentes et ambitieuses tant au niveau local qu’international. Coordination SUD y sera vigilante.
[1] Consultable en ligne à l’adresse suivante : https://bit.ly/2ZnCNQH
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Contact presse
Olivier Jablonski, jablonski@coordinationsud.org – Tél : 01 44 72 87 15 / 06 26 20 97 25
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