Tribune : 8 mars|Pour une réelle politique étrangère féministe européenne et de ses États membres
Pour une réelle politique étrangère féministe européenne et de ses États membres
À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, Coordination SUD et 5 autres plateformes nationales d’ONG de solidarité internationale (CONCORD Sweden, la Coordinadora de ONGD-España , Fingo, Partos Venro) appellent l’Union européenne et les États membres à inscrire la politique étrangère de l’UE sur des principes féministes. Face aux crises climatiques, sanitaires, alimentaires et aux conflits armés qui se multiplient et qui affectent de manière disproportionnée les femmes, les filles, les adolescentes et les minorités de genre ; ainsi qu’aux importants reculs des droits des femmes dans le monde, les dirigeantes et dirigeants de l’UE ont la responsabilité de choisir une voie vers un monde plus juste en s’attaquant aux causes profondes des inégalités de genre.
Plusieurs États membres de l’UE ont récemment lancé leur politique étrangère féministe, parmi eux les Pays-Bas, l’Espagne, la France et l’Allemagne qui a tout récemment publié sa stratégie. Ces pays ainsi que d’autres États européens ainsi que la Commission européenne se sont positionnés en tant que leaders de coalitions d’action du Forum Génération Égalité ou ont pris des engagements pour faire avancer l’égalité de genre. L’UE a également fait de nombreux progrès ces dernières années, pour promouvoir l’égalité de Genre dans sa politique étrangère, notamment via son Gender Action Plan III.
Si ces avancées sont à saluer, elles restent aujourd’hui insuffisantes pour favoriser des changements structurels et contrer la montée des conservatismes. L’UE est de plus en plus divisée, paralysée et polarisée autour des enjeux de genre, avec en son sein des États tels que la Hongrie ou la Pologne de plus en plus réfractaires et rétrogrades en matière de droits des femmes, des filles et minorités de genre. L’abandon récent de la Suède de sa politique étrangère féministe, pourtant pionnière en la matière, représente une régression importante pour la promotion de l’égalité de genre dans le monde.
Face à ces différents constats, il apparaît crucial que les pays européens porteurs d’une politique étrangère féministe fassent preuve de leadership pour promouvoir une approche transformatrice de genre. L’adoption d’une politique étrangère féministe européenne permettrait à l’UE de remettre au premier plan ses valeurs d’égalité, de démocratie, de défense des droits fondamentaux et de contrer la montée en puissance des politiques rétrogrades en Europe menaçant les droits des femmes et des personnes LGBTQI+ dans le monde.
Cette année, la France renouvellera sa stratégie internationale pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Pour Coordination SUD, ce renouvellement doit être l’occasion pour la France de s’engager à renforcer la promotion de l’égalité de genre à l’échelle européenne et défendre l’adoption d’une politique étrangère féministe de l’UE. Cette nouvelle stratégie devra également renforcer la diplomatie féministe de la France en s’inscrivant officiellement dans une politique étrangère féministe intersectionnelle. La France devra à la fois réitérer et renforcer ses engagement pris dans la LOP-DSLIM en matière d’APD genrée et dans son soutien technique et financier aux OSC féministes locales.
Pour Coordination SUD, une politique étrangère doit reposer sur les principes de droits humains universels, tels que ceux inscrits dans la Convention CEDEF. Et nécessite l’adoption d’une approche intersectionnelle afin de prendre en compte l’ensemble des identités croisées (âge, origine ethnique ou géographique, orientation sexuelle, classe sociale, handicap etc) et leurs implications en matière de discriminations et d’inégalités de genre; se donner des moyens à hauteur de ces ambitions, en allouant un budget et des ressources propres, notamment humaines, qui sont nécessaires à l’impulsion d’un réel changement culturel et institutionnel à la fois en interne et auprès des États et institutions internationales. Cette vision suppose la volonté de transformer les rapports sociaux de genre, en s’attaquant aux causes profondes et systémiques des inégalités telles que les stéréotypes, normes et lois discriminantes envers les femmes, les adolescentes et les filles. Elle impose aussi de donner à ces dernières les moyens de leur émancipation, en renforçant leur accès aux ressources, notamment économiques, leur leadership et leur accès et participation effective aux espaces de prise de décision et aux espaces de co-construction dans tous les domaines, notamment pour les associations féministes et de jeunes. Elle implique de se doter d’une politique extérieure cohérente et ambitieuse ou l’ensemble des représentants et représentantes de l’Etat portent les droits des femmes, des filles et adolescentes au plus haut niveau et agissent concrètement à travers des initiatives et de politiques.
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