Évaluation/capitalisation de l’impact de fonds non restreints couplés à l’accompagnement PPI sur le développement des organisations de la société civile et la conservation de la nature

Le PPI, un programme sur mesure d’appui à la société civile africaine

Créé en 2006 par le Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM), le Programme de Petites
Initiatives (PPI), appuie les Organisations de la Société Civile (OSC) africaines actives dans la protection
de l’environnement.

L’objectif du programme est double : i) contribuer à la protection de la biodiversité et à la lutte contre
le changement climatique par des projets concrets de terrain intégrant des dimensions d’amélioration
de la gouvernance territoriale et bénéficiant aux habitants des dits territoires, et ii) renforcer les
capacités et l’influence de la société civile africaine sur ces questions environnementales.

Le programme est géré depuis 2007 par le Comité Français de l’UICN (CF-UICN). Les deux premières
phases (2006-2011) du PPI se sont focalisées sur le soutien financier à des petits projets concrets de
terrain de conservation de la biodiversité et de lutte contre le changement climatique à travers des
subventions adaptées aux OSC locales (35 K€ en moyenne sur 18 à 24 mois).

Dans les phases suivantes (3, 4, 5 et 6), le programme a structuré une composante de renforcement
des capacités des OSC partenaires afin d’accompagner leur montée en puissance. Sa mise
en oeuvre passe actuellement par le déploiement de quatre coordinateurs sur le terrain (2 en Afrique
de l’Ouest et 2 en Afrique Centrale).

Depuis 2017, le PPI a développé deux approches de financement de projets :
– Des « petites subventions » (35 000 € maximum) ont été octroyées à de nouvelles OSC
partenaires, souvent jeunes et assez peu expérimentées ;
– Des « moyennes subventions » (70 000 € en moyenne) ont permis de soutenir sur des durées
plus longues (2 à 3 ans) les OSC partenaires historiques du programme. Les projets soutenus
ont intégré progressivement des activités relatives à l’amélioration de la gouvernance
territoriale, au plaidoyer politique et à l’engagement citoyen.

L’appui à la mise en réseau des partenaires du programme a également permis de soutenir la création
de deux réseaux formels « société civile/espèces phares » : l’Alliance pour la Conservation des Grands
singes en Afrique Centrale (AGSAC) et le Réseau des Acteurs de la Sauvegarde des Tortues Marines
en Afrique Centrale (RASTOMA). Ils sont désormais autonomes, structurés, membres de l’UICN et
en phase de montée en puissance et de diversification de leurs partenariats, au-delà du PPI. Par ailleurs,
31 bénéficiaires du PPI sont à l’heure actuelle membres de l’UICN.

Depuis 18 ans, le PPI, à travers 22 appels à projets (où plus de 5 000 propositions ont été reçues), a
soutenu 305 projets portés par 214 OSC dans 28 pays d’Afrique Centrale et de l’Ouest. Au
total, 11,5 M€ de subventions ont directement été versées aux OSC (soit une moyenne de 700 k€
par an) pour 14 M€ de cofinancements apportés par les bénéficiaires (soit 25 M€ au total pour le
financement de projets concrets de terrain).

Vers une montée en puissance progressive des partenaires historiques du PPI à travers
des fonds non restreints

Parmi les nombreux défis rencontrés par les OSC partenaires du PPI, notamment les partenaires
historiques, l’accès à des financements durables et stables reste à l’heure actuelle un des défis majeurs.

  • En effet, en matière de financement de leurs activités, celles-ci font face à de nombreuses difficultés à
    ce sujet, parmi lesquelles :
    – Des niveaux de financement par subvention généralement faibles, au regard des besoins réels
    de ces partenaires (inférieurs à 30 k€/projet) ;
    – Des conditions de co-financement complexes, qui contraignent les OSC à chercher des
    compléments de ressources dans des proportions non négligeables (ce qui nécessite du temps
    et des moyens en personnel) ;
    – Des durées de financement généralement trop courtes pour obtenir des résultats et des
    impacts mesurables sur la biodiversité ;
    – Des appels à propositions orientés vers des thématiques privilégiées par les bailleurs, au regard
    de leurs priorités politiques, parfois à court terme, et ne correspondant parfois pas à la réalité
    des OSC, les obligeant ainsi à rentrer dans des logiques d’intervention ne leur convenant pas
    totalement,
    – Des procédures de sélection, mais également de suivi et rapportage, complexes et lourdes (en
    particulier concernant les bailleurs publics), entraînant un coût administratif fort pour les OSC ;
    – Des subventions ne permettant pas de financer suffisamment les frais de fonctionnement des
    OSC, ce qui ne permet pas aux structures de pérenniser leurs ressources humaines et de
    structurer leurs organisations.

C’est au regard de ce contexte, ainsi que dans un souci de diversification des sources de financement
de ses partenaires de terrain, que le dispositif PPI, notamment via sa composante de renforcement des
capacités, cherche à élargir son champ d’intervention auprès des OSC, en cherchant à mobiliser de
nouveaux partenaires financiers en capacité de les soutenir ces derniers, soit en passant par le PPI, soit
en direct.

L’un des débats actuels dans le monde de la conservation porte sur les modalités d’octroi des fonds
aux organisations afin d’accroître leur impact : doit-il s’agir de projets et de financements ciblés pour
répondre à des problématiques ou des enjeux spécifiques ? Ou bien faut-il plutôt fournir un financement
sans restrictions spécifiques, soutenant l’organisation dans l’atteinte de sa mission, et non pas un projet
spécifique, ce qui pourrait permettre aux OSC de devenir plus résilientes et durables, avec un impact
positif sur leur programme de conservation (approche dite de fonds non restreints)?

Plusieurs expériences ont été testées en la matière, notamment en Afrique de l’Ouest, au cours des
dernières années. Ainsi, à titre d’exemple, la Fondation MAVA a montré que le fait de soutenir des
partenaires clés avec des financements flexibles peut permettre de faire la différence dans leur capacité
à avoir un impact durable sur la conservation, mais qu’une des conditions préalables à l’octroi d’un
financement flexible est la confiance dans les partenaires et une bonne évaluation de leurs capacités. Il
ne s’agit pas d’un mécanisme de financement applicable à toute organisation.

C’est dans ce contexte que la Fondation Hans Wilsdorf (FHW), partenaire financier du PPI depuis le
début d’année 2023, a décidé d’approfondir la question, en cherchant à tester cette approche de fonds
non restreints auprès de partenaires du PPI relativement robustes, avec qui le PPI a des relations de
long terme et étant à un stade de leur trajectoire institutionnelle leur permettant de recevoir ce type
de fonds.

Cette expérience pilote a démarré en fin d’année 2023 et se déploie à l’heure actuelle progressivement
en collaboration avec l’équipe du PPI. Elle constitue une réelle innovation dans le contexte de la
conservation de la biodiversité en Afrique Centrale et de l’Ouest, permettant de tester le déploiement
de ce type de financements auprès d’acteurs de la société civile environnementale africaine.

Dans ce contexte, la FHW finance actuellement directement 11 OSC partenaires du PPI (4 au Bénin,
3 au Cameroun, 1 au Congo, 1 à Sao Tomé et 2 au Cap-Vert) pour une durée de 3 ans à travers des
fonds non restreints pluriannuels, qui seront mobilisés pour répondre aux missions des organisations
avec une forte flexibilité dans leur utilisation.

Ce type de soutien, couplé à un appui en renforcement de capacités du PPI, sera conduit selon une
démarche pilote. Outre l’intérêt pour les structures, la démarche a également pour objectif de
capitaliser sur l’intérêt de ce type d’approches et d’envisager de potentielles réplications.

L’hypothèse selon laquelle des financements non restreints combinés à un accompagnement de
proximité en termes de renforcement de capacités et développement organisationnel peut avoir
davantage d’impact en termes d’efficacité et d’autonomie des organisations, mais également en termes
d’impacts sur la biodiversité doit être évaluée à l’issue de l’appui. Par ailleurs, si tel est le cas, la
méthodologie d’accompagnement des partenaires vers l’utilisation des fonds non restreints devra
être capitalisée.

Un besoin d’accompagnement des partenaires du PPI

Dans le cadre de ce dispositif pilote, la FHW soutient directement 11 organisations depuis début 2024
pour une durée de 3 ans et pour des montants compris entre 120 000 et 600 000 € (ces montants
représentant 25 à 30% des budgets annuels des organisations à la fin de l’année 2023).

De son côté, le Comité français de l’UICN a signé une convention avec la FHW d’une durée de 3 ans
également afin que le PPI soit mandaté pour :
1) L’appui au montage des dossiers ;
2) La facilitation de la relation et la coordination entre les partenaires, le PPI et la FHW ;
3) L’accompagnement sur le volet de développement organisationnel des OSC au cours de la
mise en oeuvre des projets ;
4) L’évaluation des impacts et la capitalisation de l’efficacité des fonds non restreints associés à
un accompagnement du PPI.

II. Objectifs de la mission

L’objectif principal de la mission sera d’évaluer l’efficacité de l’octroi de fonds non restreints couplés
à un accompagnement organisationnel pour 1) renforcer l’efficacité, la résilience et l’autonomie des
organisations accompagnées et 2) renforcer l’impact des organisations sur la conservation de la
biodiversité et de capitaliser sur le dispositif en question.
Dans le cadre de la mission, la démarche d’évaluation et de capitalisation seront bien différentes. Dans
l’évaluation, la mission cherchera à dresser un état initial et un état final à la suite des financements non
restreints, à la fois sur le développement de l’organisation et sur la biodiversité.
Dans la capitalisation, la mission cherchera à partager les acquis et expériences de ces modalités auprès
des partenaires techniques et des bailleurs afin de contribuer à l’amélioration des pratiques dans les
approches de financement et d’accompagnement de la société civile travaillant à la protection de la
nature.
La valorisation des apprentissages doit permettre aux équipes PPI et de la FHW de tirer des
enseignements sur les caractéristiques et la valeur ajoutée d’un tel programme afin de favoriser la
réplication et la poursuite d’approches similaires d’accompagnement des OSC par d’autres bailleurs de
fonds publics ou privés.

Questionnements liés à la mission :

  • – Est-ce que l’approche de fonds non restreints permet de répondre aux besoins de financement
    des OSC ?
    – Ces fonds vont-ils financer les mêmes activités que celles appuyées par ailleurs par PPI (mais
    avec davantage de force de frappe) ou seront-elles affectées à des besoins qui ne sont pas
    couverts par PPI – et en quelle proportion ?
    – Comment les OSC se sont saisies de cette modalité de financement et quelles ont été les
    difficultés rencontrées ? Quelles solutions face à ces difficultés ? Le cas échéant, quelles
    nouvelles perspectives s’offrent à elles grâce à ces fonds ?
    – Quelles ont été les différentes approches/méthodes employées par les coordinateurs du PPI
    pour accompagner les partenaires historiques quels ont été leurs résultats ?
    – Est-ce que cette expérience motive d’autres bailleurs à travailler selon ces modalités de
    financement ?
    – Quels sont les impacts de ces financements sur l’OSC ?

Toutes les informations complémentaires sont présentées dans le document joint.

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