Budget européen : la solidarité internationale victime du compromis final
L’aide humanitaire et au développement s’avère être la grande perdante des négociations de ce budget pluriannuel, comme le déplore Philippe Jahshan, président de Coordination SUD : « La première proposition de la Commission européenne (mai 2018) s’avérait déjà trop peu ambitieuse pour être à la hauteur de l’atteinte des objectifs de développement durable à l’horizon 2030. Les coupes budgétaires imposées depuis ce week-end laissent l’Europe sans marge de manœuvre pour venir en soutien aux pays en développement et souffrant de crises humanitaires, dans le contexte à venir des crises économiques et sociales liées à la pandémie de covid-19. Les pays pauvres paieront le prix immédiat de cette décision et cela coûtera plus cher pour tout le monde à moyen terme. C’est une politique de courte vue que nous déplorons ».
Afin d’obtenir un accord sur le plan de relance européen, les États membres ont dû composer avec des arbitrages qui ont coupé l’herbe de toute ambition en matière de solidarité internationale. Comparée à la proposition faite en mai par la commission européenne, l’enveloppe consacrée à l’aide extérieure pour le budget européen 2021-2027 a diminué. Le plan de relance et le cadre financier pluriannuel ont vu leur part dédiée à la solidarité internationale amputée pour une perte de 20 milliards d’euros, soit une baisse de 17 %. Cela alors que les effets démultipliés de la crise sanitaire s’ajoutent aux défis déjà massifs auxquels font face nombre de pays pauvres dans le monde et les mettent en risque de déstabilisations majeures.
Bertrand Lebel, référent CA de la commission Europe de Coordination SUD : « Tout porte à croire que les États membres ont voulu saper la dynamique géopolitique que voulait impulser Ursula van der Leyen, en ne « laissant personne de côté ». Le renouvellement de l’approche partenariale de l’UE avec les pays les plus fragiles, la transition écologique mondiale et le genre comme pilier de l’action extérieure risquent de rester lettre morte dans ce contexte. »
Pire encore, les modalités de financement envisagées pour mettre en œuvre cette aide extérieure font craindre un détournement des objectifs premiers que sont la lutte contre les inégalités mondiales et l’éradication de la pauvreté. Pour Benoit Mayaux, chef de file de la commission Europe : « En préférant des montants restreints en prêts et garanties à des investissements massifs en dons, l’Europe fait le choix de l’économie au détriment du développement durable des pays des Suds partenaires, tout en risquant d’aggraver leurs déficits publics ».
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