Genre et organisation du travail pendant la crise covid-19
Cette étude présente les résultats d’une enquête menée entre mai et juin 2020 auprès de salarié·e·s d’organisations françaises de solidarité internationale (OSI) sur les répercussions de la crise sanitaire en termes de genre dans l’organisation du travail et les ressources humaines de ces structures, ainsi que d’un webinaire de mise en discussion des premiers résultats et de recueil de recommandations qui s’est tenu le 6 juillet. Les 253 réponses à un questionnaire en ligne, émanant en majorité de femmes, mettent en exergue l’impact différencié sur les femmes et les hommes des mesures mises en place par les OSI pendant la période de confinement, notamment en termes d’articulation entre la vie professionnelle et la vie familiale, de baisse du pouvoir économique et d’augmentation des risques psycho-sociaux.
D’après les témoignages recueillis, plusieurs systèmes d’adaptation du travail ont parfois cohabité en fonction des structures (arrêt pour garde d’enfants, télétravail, chômage partiel, prise de congés et/ou réduc- tion du temps de travail) sans que les personnels aient forcément une information claire sur les différentes mesures proposées et sur leurs droits. Un manque de prise en compte du genre et des situations des différentes catégories de salarié·e·s a pu engendrer une augmentation de la charge de travail et une articulation d’autant plus difficile avec la vie familiale, affectant particulièrement les femmes et personnes de groupes minoritaires.
Sur le plan économique, la diminution des salaires engendrée par le chômage technique ou l’absence de ticket-restaurant a également impacté de manière plus importante les femmes et les personnes marginalisées en raison prioritairement de leur origine, orientation sexuelle et identité de genre ou de leur handicap. Cette crise, comme d’autres crises sanitaires, a ainsi révélé les inégalités déjà existantes auparavant, tout en les aggravant, dans un secteur très féminisé mais où les femmes occupent souvent les emplois à plus bas salaires.