Journée internationale des droits des femmes 2023 : les femmes des diasporas se mobilisent ici et là-bas pour un monde digital inclusif et pour l’égalité des genres
Nous, femmes des diasporas, migrantes et issues des migrations, contribuons au développement durable, aux échanges entre les peuples, à la cohésion sociale et à la réduction des inégalités ici et là-bas, en France et dans nos pays d’origine.
En 2023, les droits des femmes sont encore bafoués partout dans le monde et de nombreux retours en arrière sont observés : restrictions grandissantes contre les droits des femmes en Afghanistan depuis le retour des Talibans au pouvoir en 2021, recul du droit à l’avortement aux États-Unis et en Pologne mais aussi toute crise politique, sociale et/ou environnementale, qui à chaque fois impacte disproportionnellement les femmes et menace leurs droits – comme actuellement en Éthiopie, en Argentine et en Chine.
En parallèle, les discriminations envers les personnes migrantes se multiplient. Le climat de méfiance à leur encontre grandit chaque jour un peu plus et fragilise nos organisations.
En tant que femmes migrantes, à l’intersection de ces discriminations, nos droits et libertés sont sans cesse menacés et nous faisons l’objet de représentations stéréotypées. Pourtant, nous sommes le nouveau visage des migrations et portons au quotidien des projets de co-développement ici et là-bas qui font de nous des actrices transfrontalières de coopération internationale à part entière.
Notre mobilisation et celle de la société dans son ensemble sont essentielles pour prévenir ces retours en arrière et poursuivre les avancées encourageantes observées récemment (inscription dans la Constitution française du droit à l’avortement, mesures prises pour améliorer les droits des femmes au Maroc, au Cambodge, en Côte d’Ivoire, etc.). Nous continuons donc à agir ici et là-bas pour défendre l’application universelle des droits humains et mettre en avant les besoins et combats des femmes – et en particulier ceux des femmes migrantes – trop souvent invisibilisées, et affirmer l’apport sociétal positif de chaque personne quel que soit son genre, son origine, sa couleur de peau, son orientation sexuelle et chaque parcelle de son identité.
Dans ce contexte, la fracture numérique agit comme un catalyseur d’inégalités. Amplifiée par la crise du Covid-19, elle impacte particulièrement les femmes. Elle cause des difficultés d’accès aux services fondamentaux tels que les soins et constitue un frein à l’insertion dans le monde du travail et à la participation à la vie sociale et politique.
Face à ce constat, nous ne restons pas inactives. Chaque jour, nous mobilisons nos ressources, nos forces et notre capacité à innover à travers des actions de sensibilisation, d’éducation et de renforcement de capacités, et ce afin de permettre aux femmes et aux filles de lever ce frein à leur pouvoir d’action. Ces actions étant essentielles pour lutter contre les inégalités de genre et agir pour atteindre les objectifs du développement durable, il est aussi indispensable de renforcer leur visibilité.
A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes :
- Nous appelons à accélérer la mise en œuvre des conventions et dispositifs visant à réduire les inégalités entre les hommes et les femmes. Nous ciblons, en particulier, la Déclaration et le plan d’action de Beijing, ainsi que le Plan d’accélération global pour l’égalité des sexes lancé par le Forum Génération Egalité.
- Nous soulignons le caractère essentiel et irremplaçable des organisations de femmes, qui doivent pouvoir continuer à exister et renforcer leurs actions. Nous appelons à pérenniser et élargir les fonds de soutien comme le Fond de soutien aux organisations féministes, et à renforcer l’accessibilité de ces derniers aux petites organisations afin de tenir compte de la pluralité des actrices et des structures.
- Nous appelons les États ici et là-bas à adopter une approche multipartite, qui implique la société civile dans la réflexion et la conception des orientations stratégiques et des politiques publiques, et ce afin de garantir des prises de décisions pertinentes et efficaces en lien avec le vécu des personnes concernées. Nous insistons sur l’importance d’une telle approche en ce qui concerne les politiques visant à réduire les inégalités de genre, trop souvent déconnectées de la réalité, ainsi que les politiques migratoires, dont les acteurs et actrices concerné.e.s sont complètement exclu.e.s.
- Nous demandons aux pouvoirs publics français de reconnaitre la citoyenneté de résidence des personnes migrantes en France, dont les femmes migrantes qui jouent un rôle essentiel dans nos sociétés. Les personnes migrantes vivant en France ont le droit de choisir leurs représentant.e.s politiques dans la mesure où iels contribuent à l’essor économique et culturel du pays et à maintenir un dialogue social, notamment dans les quartiers les plus précarisés.
- Nous militons pour la reconnaissance des compétences et savoir-faire des personnes migrantes dont les femmes, trop souvent exclues du marché de l’emploi faute d’équivalence officielle de leurs parcours et expertise acquise à l’étranger.
- Nous appelons la France à ratifier la Convention internationale des droits des travailleur.se.s migrant.e.s et de leurs familles et à faire preuve d’exemplarité en adhérant aux standards internationaux de protection des droits des travailleurs et travailleuses migrant.e.s.
- Nous interpellons sur la nécessité de mettre en œuvre aux niveaux nationaux des mesures visant à combler la fracture numérique et à mener ces travaux en incluant les femmes, et en particulier les femmes migrantes, pour penser les mesures en lien avec les idées et les besoins de toutes et tous.
Seule la mise en œuvre de ces revendications permettra à la France et à chaque pays de véritablement lutter contre les inégalités de genre et œuvrer au développement durable ici et là-bas.
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