Suspension financements USAID|L’impact concret des décisions américaines sur la solidarité internationale

En 2024, les États-Unis ont été le principal donateur humanitaire, assurant 45,5 % des financements totaux reçus par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, à la suite de son appel de fonds mondial. Pourtant, dès son entrée en fonction le 20 janvier 2025, la nouvelle administration Trump a pris une décision : suspendre la majorité des programmes d’aide publique au développement. Une décision qui a pris de court l’ensemble des acteurs et actrices de la solidarité internationale.
Cette décision intervient dans un contexte où les besoins humanitaires ne cessent d’augmenter avec plus de 307 millions de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire en 2025. Cet arrêt brutal des financements américains, couplé aux différentes décisions tant françaises qu’européennes de coupes de l’aide publique au développement, remet en cause l’équilibre de tout le système de la solidarité internationale.
Depuis la mise en œuvre des suspensions de financements le 24 janvier 2025, cette décision s’est accompagnée d’une série confuse d’ordres et de contre-ordres émanant de l’administration Trump. Les organisations ont reçu tour à tour des courriers leur annonçant l’annulation de leurs contrats, puis leur réactivation, avant d’être à nouveau annulés, plongeant tout le secteur dans l’incertitude.
Cette confusion est déjà difficile à suivre pour les acteurs et actrices humanitaires, et elle l’est encore plus pour les populations qu’elles et ils soutiennent. Aujourd’hui, le principal problème pour les organisations est l’instabilité des directives concernant leurs contrats, combinée à une absence totale de visibilité sur les décisions futures — en particulier sur le remboursement des fonds déjà engagés pour répondre aux besoins vitaux des populations.
Les premières victimes de ces décisions restent les populations affectées par les crises et les conflits, pour qui l’aide humanitaire est essentielle. Des projets ont été arrêtés du jour au lendemain, laissant des millions de personnes sans soutien et assistance humanitaire.
D’après les données recueillies par Coordination SUD auprès de 10 de ses organisations membres les plus concernées, les suspensions de financements américains affectent des activités dans 38 pays en Afrique, Asie, Amérique latine et Europe. Rien que pour ces 10 organisations, ce sont plus de 6 millions de personnes bénéficiaires qui sont directement impactées et ne verrons pas leurs besoins vitaux satisfaits.
Cet impact est d’autant plus fort que les États-Unis représentent une part essentielle du financement de l’aide humanitaire mondiale. Toute la chaîne de l’aide est ainsi affectée par ces suspensions, qu’il s’agisse des ONG locales, internationales ou des agences de l’ONU. L’interdépendance entre ces acteurs dans l’acheminement de l’aide humanitaire provoque aujourd’hui des effets en cascade.
En plus de l’impact sur les populations, les organisations de solidarité internationale ont dû fermer des projets en urgence et mettre en place des plans de sauvegarde de l’emploi. Ce sont principalement les personnels humanitaires locaux, au cœur de l’action, qui subissent les conséquences de ces suspensions de financement. Plus de 400 partenaires locaux des organisations membres de Coordination SUD sont menacés d’arrêt d’activité, voire de disparition. Par ailleurs, les organisations font face à des risques juridiques liés aux ruptures de contrats, ainsi qu’à des risques sécuritaires et réputationnels, dans un contexte d’incompréhension face à l’arrêt brutal des activités auprès des communautés et autorités locales.
Dans ce contexte critique, les organisations de solidarité internationale appellent les autorités françaises à une prise de position politique ferme en faveur du secteur, de ses principes et de ses valeurs, notamment sur les enjeux du genre, de l’inclusion et du climat, sur lesquels la France a pris des engagements forts.
La France et ses partenaires européens doivent s’unir pour défendre et augmenter l’aide publique au développement et l’aide humanitaire. Malgré ses engagements, la France n’a pas encore concrétisé l’allocation d’un milliard d’euros par an pour son budget humanitaire, prévue à partir de 2025 dans sa stratégie humanitaire 2023-2027, ni atteint les 0,7 % de son PNB dédiés à l’APD, comme prévu dans la LOP-DSLIM de 2021 — un objectif que seuls cinq pays ont atteint : la Norvège, le Luxembourg, la Suède, l’Allemagne et le Danemark.
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