#Electionspourlasolidarité – Les positions des candidates et candidats au prisme de la solidarité
Cette analyse se fonde sur quatre principales sources d’information : (1) une analyse des programmes lorsque ceux-ci énoncent des positions claires, (2) les réponses collectées durant des rencontres avec les équipes de campagnes, (3) les réponses aux questionnaires envoyés par Coordination SUD et, enfin (4) les prises de positions publiques des candidates et des candidats lors d’évènements ou de meetings. Chaque paragraphe de l’analyse ci-dessous reprend l’ordre des candidates et candidats énoncé par le Conseil constitutionnel, à savoir : Nathalie ARTHAUD (Lutte Ouvrière), Fabien ROUSSEL (Parti Communiste), Emmanuel MACRON (La République en Marche), Jean LASSALLE (Résistons), Marine LE PEN (Rassemblement national), Éric ZEMMOUR (Reconquête !), Jean-Luc MÉLENCHON (La France Insoumise), Anne HIDALGO (Parti Socialiste), Yannick JADOT (Les Ecologistes), Valérie PÉCRESSE (Les Républicains), Philippe POUTOU (Nouveau Parti Anticapitaliste) et Nicolas DUPONT-AIGNAN (Debout la France). Lorsqu’un candidat ou une candidate n’apparaît pas dans ce paragraphe, cela signifie que les informations sont insuffisantes pour l’analyse. Chaque parti a été contacté par son adresse générique afin d’identifier une personne en charge des questions internationales. Jean LASSALLE, Marine LE PEN, Éric ZEMMOUR n’ont pas donné ces contacts. Jean-Luc MELENCHON, Valérie PÉCRESSE et Nicolas DUPONT-AIGNAN ont donné ces contacts mais les personnes identifiées n’ont pas répondu à la prise de contact. Ainsi, ni le questionnaire, ni proposition de rencontre n’ont été envoyés pour ces candidates et candidats. Des rencontres ont pu avoir lieu avec les équipes de Fabien ROUSSEL, Emmanuel MACRON, Anne HIDALGO, Yannick JADOT. Nathalie ARTHAUD, Fabien ROUSSEL, Anne HIDALGO et Philippe POUTOU ont répondu au questionnaire. Reconnaître le travail des organisations de la société civile et les initiatives des citoyens et des citoyennes, c’est reconnaître leur légitimité, la pertinence du choix de leurs projets, de leurs partenaires, de leurs capacités d’adaptation aux besoins des populations concernées, gage de qualité des actions. Pour cela, il faut aussi traduire cette reconnaissance dans les moyens alloués aux initiatives portées par les organisations de la société civile (OSC) de solidarité internationale :VOLONTÉ DE PARTENARIAT AVEC LA SOCIÉTÉ CIVILE
Le partenariat vu par Coordination SUD
Quels engagements sur le partenariat ?
Les programmes face à la mise en œuvre de la loi
Les attentes de Coordination SUD
L’aide publique au développement et la solidarité internationale sont des questions de justice entre les nations. La Loi de développement solidaire et de lutte contre les inégalités mondiales, votée le 4 août 2021, est le cadre législatif qui fixe leurs principes et leurs moyens. La loi doit articuler l’action de la France autour des Objectifs de développement durable, des droits humains, du respect de l’Accord de Paris sur le Climat et de promotion et de respect du droit international humanitaire. Elle réaffirme les priorités de la France en matière de développement, d’accès à l’éducation, à la santé, à l’eau, l’hygiène et l’assainissement, à l’agriculture et l’alimentation et ainsi lutter contre les inégalités mondiales.
Si cette loi offre un cadre favorable à l’action de solidarité internationale de la France et qu’elle doit, dans chacun de ses aspects être mise en œuvre auprès des populations les plus vulnérables, Coordination SUD attend aussi que cette loi soit renforcée au cours du prochain quinquennat, notamment lors de sa révision prévue en 2022.
Pour garantir la mise en œuvre effective de cette loi et de ses objectifs, la présidente ou le président élu doit s’engager à :
- Initier une programmation budgétaire de l’APD pour atteindre 0,7% de la richesse nationale (RNB) dès 2025 avec maintien de cette même programmation au-delà pour assurer un renouvellement des ambitions à horizon 2030.
- Renforcer la part de dons pour la porter à hauteur de 85% de l’APD.
- Allouer 50% de l’APD française aux pays les moins avancés et aux services sociaux de base, qui sont à renforcer en priorité.
- Financer des projets sensibles aux besoins spécifiques des femmes, adolescentes et filles et garantir que 85 % de projets d’APD ayant pour objectif principal ou significatif l’égalité femmes-hommes et 20% comme objectif principal.
Pour que ces progrès soient effectifs et que les organisations de solidarité internationale aient accès aux personnes les plus vulnérables, la présidente ou le président élu doit également s’engager à :
- Protéger et étendre l’espace humanitaire, via une diplomatie humanitaire active promouvant le respect du DIH et les principes humanitaires.
- Favoriser un allègement des procédures pesant sur les organisations de solidarité internationale.
Une Philosophie de l’aide très hétérogène
Des réponses aux demandes de Coordination SUD plus ou moins précises
Des positions non pertinentes sur la lutte contre les inégalités et des lacunes importantes en matière de solidarité internationale
Emmanuel Macron, Anne Hidalgo, Marine Le Pen, Eric Zemmour et Valérie Pécresse procèdent à une confusion avec des enjeux sécuritaires (2). Dans leurs déclarations associent les enjeux de solidarité internationale, qui vise à la lutte contre la pauvreté et les inégalité, aux enjeux sécuritaires, portant à confusion sur le rôle et le mandat de chacun. Or, l’approche fondée sur un lien entre la diplomatie, le développement et la défense, induit un risque de focaliser l’aide au développement sur les enjeux directement liés à la sécurité nationale ou de confondre les rôles de chacun des acteurs et actrices. Par ailleurs, elle peut mener à des risques d’exclusion de bénéficiaires finaux de l’aide du fait du renforcement de procédures relatives à des enjeux sécuritaires.
Marine Le Pen et Eric Zemmour prétendent que l’APD ne doit pas servir à féminiser des sociétés (4). Or, faire en sorte que les femmes, les filles et les adolescentes, premières concernées par la pauvreté, soient des populations cibles de l’aide, n’est pas féminiser des sociétés, mais bien prendre en compte l’ensemble des facteurs causant la pauvreté et lutter durablement contre les discriminations.
Aucun candidat, aucune candidate ne prend d’engagement concret quant à la promotion et l’extension l’espace humanitaire et à la protection des acteurs et des actrices humanitaires, via une diplomatie humanitaire active promouvant le respect du DIH et les principes humanitaires. Par ailleurs, aucun engagement n’est porté sur l’allègement des procédures pesant ou entravant l’action des organisations de solidarité internationale, notamment sur la protection des acteurs et actrices de l’action humanitaire et du développement contre l’impact négatif et disproportionné des mesures de lutte contre le terrorisme.