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>Genre & Climat>Gouvernance et participation des femmes aux instances de décision

Représentation équilibrée, participation et leadership des femmes

Évaluation2/3

La nomination d’un ou d’une coordinatrice nationale pour l’égalité femmes-hommes et les changements climatiques chargé·e de la négociation, de la mise en œuvre et du suivi des mesures relatives au climat constitue une des mesures encouragées par le Plan d’action genre de Lima.

De 2017 à septembre 2021, Madame Emma Letellier du ministère de la Transition écologique (MTE) a rempli cette fonction. Elle a également assuré un rôle de « issue lead », c’est-à-dire de coordination, de portage, de prise d’initiative et de synthèse de la position de l’Union européenne, dans le cadre des négociations sur le genre de la convention climat. Elle a aussi contribué à la formation des points focaux Genre et Climat européens récemment nommés ainsi qu’à un travail de plaidoyer auprès des États-membres n’ayant pas encore nommé les leurs. Cette position témoigne du volontarisme et de la pro activité de la France sur ces sujets, ainsi que de la reconnaissance de son expertise par ses pairs. 

Au niveau national, la personne point focale Genre et Climat est intégrée à l’équipe interministérielle de négociation sur les enjeux climatiques (MEAE, MTE, DG Trésor, Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, AFD, Agence de transition écologique ou Ademe). Elle donc pu bénéficier de l’expertise de ses membres et de l’appui ponctuel d’un ou d’une  apprentie. Au niveau international, la gender team du secrétariat de la CCNUCC soutient le travail des points focaux nationaux sur Genre et Climat à l’aide d’outils, de formations et de partage d’expériences afin de renforcer leurs capacités et de préciser leur rôle et leur périmètre d’action.

Dans son rapport d’évaluation de la « diplomatie féministe de la France »9,  le Haut-commissariat à l’égalité (HCE) présente 6 principes fondamentaux sur lesquels doivent reposer une diplomatie féministe. Parmi eux figure plus particulièrement la nécessité de se doter d’une organisation institutionnelle dédiée et pérenne, qui permette d’assurer une coordination et une mise en cohérence des politiques menées et qui inclut un système de redevabilité. Pour l’instant, cette instance n’existe pas et limite la coordination interministérielle, notamment sur l’interaction des enjeux de Genre et Climat tant d’un point de vue national qu’international.

Enfin, la France ne capitalise et ne communique pas suffisamment sur ses efforts en matière de Genre et Climat, en témoignent l’absence de référence au genre dans la dernière communication nationale soumise par la France en 201710, et l’absence de publication par la France d’un rapport d’avancement spécifiques sur ses efforts d’intégration des enjeux de genre dans ses politiques climatiques et projets climat qu’elle soutient, tant d’un pont de vue national qu’international, à l’instar de l’Espagne11. Les actions de la France dans ce domaine sont mentionnées brièvement dans les soumissions conjointes de l’Union européenne auprès de la CCNUCC12. Du fait que ce type de soumission couvre les initiatives de l’ensemble des pays de l’UE, elle ne favorise pas un exercice de redevabilité suffisamment solide par État-membre, y compris pour la France, que ce soit en matière de progrès mais aussi de blocages et leçons apprises. 

9. Rapport du 4 novembre 2020 : « La diplomatie féministe – D’un slogan mobilisateur à une véritable « dynamique de changement ? ». 

10. https://unfccc.int/documents/64738 

11. https://afly.co/n856 

12. Exemple de la soumission de l’UE de juin 2019 afin d’alimenter le rapport de synthèse sur la mise en œuvre du plan d’action genre de Lima produit par le Secrétariat de la CCNUCC : https://afly.co/n866

Il est primordial que la France pérennise le rôle de la personne point focale Genre et Climat au sein des institutions en définissant clairement ses responsabilités et nomme un ou une remplaçante suite au départ d’Emma Letellier de cette fonction en septembre 2021. Cela est primordial pour que la France continue de jouer un rôle de premier plan dans le bloc européen lors des négociations genre au sein de la CCNUCC et fasse partie des pays moteurs dans la mise en œuvre du plan d’action genre de la CCNUCC. Il sera nécessaire que cette personne bénéficie d’une formation solide sur les enjeux et liens entre Genre, développement et changements climatiques, soit rapidement et efficacement intégrée à l’équipe de négociations interministérielle sur le climat et reçoive des lignes directrices claires sur les domaines et le types d’actions prioritaires du plan d’action Genre auxquelles la France souhaite contribuer d’ici à 2025.

Par ailleurs, il est essentiel que le rôle de la personne point focale  Genre et Climat de la France puisse dépasser le mandat de la CCNUCC et s’articule autour de la promotion du nexus Genre-Climat dans les politiques climatiques de la France (Stratégie nationale bas-carbone, Plan national d’adaptation aux changements climatiques..) et les politiques sur le genre (Stratégie internationale de la France pour l’égalité entre les femmes et les hommes).

Enfin, suivant la recommandation du HCE, il paraît incontournable pour la France de créer une instance de coordination de la diplomatie féministe, placée sous l’autorité du président de la République ou du Premier ministre, ainsi qu’un mécanisme de redevabilité pour l’ensemble des institutions concernées. Très concrètement cette recommandation consisterait à impliquer l’ensemble des ministères concernés par l’action internationale (MEAE, MTE, Ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances), l’AFD mais aussi des représentants et représentantes de collectivités territoriales et de la société civile française. La personne point focale Genre et Climat de la France serait un membre-clé de cette instance de coordination et pourrait garantir, en collaboration avec ses collègues de différents ministères, l’opérationnalisation et la cohérence de l’ambition française en matière de genre et changements climatiques dans différentes instances (CCNUCC, Commission des Nations unies sur la condition de la femme, suivi des coalitions d’action du Forum Génération Égalité, etc).