Hausse légère de l’aide française au développement : les ONG encouragent à poursuivre les efforts
Paris, le mardi 13 avril 2020 – En 2020, la France a consacré 0,53 % de sa richesse nationale à l’aide publique au développement (contre 0,44 % en 2019), soit une hausse de 10,9 %. C’est ce qui ressort des chiffres de l’OCDE publiés ce matin. Une bonne nouvelle attendue par les ONG, crédible au regard des engagements présidentiels. Cependant, dans un contexte de crise sanitaire, climatique, économique et sociale sans précédent au niveau mondial, Coordination SUD appelle à renforcer la programmation de la politique de solidarité de la France, par le biais du projet de loi “développement solidaire et de lutte contre les inégalités mondiales”, actuellement examinée au Sénat.
Coordination SUD salue cette hausse qui entre en cohérence avec la trajectoire promise par Emmanuel Macron, visant une augmentation graduelle de l’aide publique au développement (APD) à 0,55 % de la richesse nationale pour 2022. Pour Olivier Bruyeron, président de Coordination SUD : « Cette trajectoire est encourageante et paraît régulière. Elle fixe le cap pour 2022 ».
« Cependant, cette hausse n’est pas suffisante au regard du contexte économique et social engendré par la crise sanitaire de la covid-19 », nuance Olivier Bruyeron. En effet, les besoins préexistants se conjuguent à ceux de la crise actuelle, menaçant ainsi les progrès accomplis dans le cadre des objectifs de développement durable. « La pandémie de la covid-19 exacerbe les inégalités présentes dans nos sociétés et se fait davantage sentir chez les populations les plus pauvres et les plus vulnérables. Les besoins des secteurs sociaux les plus élémentaires, en particulier la santé, ont explosé et appellent à un sursaut de notre aide », complète Gautier Centlivre, chef de file de la commission APD et financement du développement de Coordination SUD.
Surtout, l’aide publique au développement française reste encore trop imprévisible faute d’un encadrement législatif pour l’atteinte des 0,7 % du revenu national brut. Une promesse faite par la France il y a 50 ans. « La France fait encore une fois le choix de l’incertitude en adoptant une loi de programmation visant à lutter contre les inégalités mondiales dont ladite programmation s’arrête dans quelques mois alors que les conséquences de la pandémie provoquent une forte aggravation des inégalités », analyse Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France, référente sur les questions d’APD au conseil d’administration de Coordination SUD.
La commission des Affaires étrangères et des forces armées du Sénat doit examiner le texte de loi demain. L’ensemble des sénateurs et sénatrices ont une réelle responsabilité dans la trajectoire prise par la France dans sa quête des 0,7 %. Coordination SUD demande expressément que la France ancre dans le marbre une projection de son aide au développement au-delà de 2022 traduisant une mobilisation d’au moins 0,7 % de son RNB, à compter de 2025. Ainsi la France pourra non seulement remplir ses engagements, notamment à l’égard des pays et des secteurs identifiés comme prioritaires de son aide (que sont la santé, le climat, l’éducation, l’alimentation, le genre, la paix et la sécurité), mais aussi renforcer le financement transitant par les organisations de la société civile, représentait 4,5 % de son APD total, selon les chiffres de l’OCDE 2019, bien en dessous des autres pays pourvoyeurs d’APD (15 %).
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