4 films sur le séminaire « les effets de la PAC sur les paysanneries du Sud »
Comment la PAC européenne a-t-elle des effets négatifs directs sur les paysanneries du Sud et comment pourrait-elle être modifiée pour éviter cet écueil ? Tel a été le fil conducteur du séminaire organisé le 11 avril dernier par la commission Agriculture et alimentation (C2A) de Coordination SUD au GRET à travers divers débats. Subventions sur des productions destinées à l’exportation, importations d’aliments pour son bétail, répercussion sur le climat mondial, production d’agro carburants, l’agriculture européenne a des impacts sur l’agriculture des pays du Sud. Il apparait donc plus que jamais nécessaire de modifier la PAC en profondeur pour réduire ses impacts.
Les impacts de la Politique agricole Commune (PAC) de l’Union Européenne sur les agricultures et agricultrices paysannes des pays du Sud sont multiples et majoritairement négatifs.
Il y a d’abord la distorsion de concurrence des produits européens dont la production a bénéficié de subventions avec les produits agricoles locaux sur les marchés des pays du Sud. Le lait ouest africain, par exemple, est directement impacté par l’industrie laitière européenne qui exporte à très bas prix une poudre, constituée d’un mélange de lait écrémé et de matière grasse végétale (notamment huile de palme), vers les marchés africains. C’est un vrai dumping commercial.
En second lieu, les cultures de soja en Amérique Latine qui sont en grande partie destinées aux systèmes d’élevage intensifs européens. Or cette culture provoque une déforestation massive, un appauvrissement des sols, un accaparement des terres des paysannes et paysans par des grands propriétaires terriens et une grave détérioration des conditions sanitaires de la paysannerie locale.
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Il y a bien sûr la problématique des impacts du déplacement de cultures alimentaires liés au développement des agro-carburants. Enfin le système agricole et alimentaire européen contribue significativement au dérèglement climatique. Il a donc besoin d’être réformé en profondeur. C’est ce que confirmait Maria Heubuch, rapporteuse de la Commission Développement durable du Parlement Européen.
Le séminaire du 11 avril a permis de présenter et de débattre autour de ces différents impacts. Il a surtout été l’occasion de débattre des recommandations concernant la PAC avec des spécialistes de l’Afrique, de l’Amérique Latine et l’UE, ainsi qu’avec des représentant·e·s des listes pour les élections européennes. Ces 4 films vous permettent de revoir ces présentations et ces débats.
Quand les subventions agricoles européennes déstabilisent les marchés du sud !
Le film porte sur la concurrence des produits agricoles européens bénéficiant de subventions sur les marchés du Sud.
Une démonstration implacable. A la fois par la présentation scientifique de Laurent Levard, responsable des programmes au GRET et le témoignage de Hindatou Amadou, membre de l’APESS et coordinatrice de la campagne « Mon lait est local » en Afrique de l’Ouest. Les deux interventions démontrent par des chiffres et des indicateurs, comment les subventions européennes sur des produits destinés à être exportés et l’organisation de filières, par exemple laitière ou céréalière, constituent un frein au développement de la paysannerie au Sud. La présentation raconte notamment l’histoire d’un « faux lait » à base de poudre issue du lait écrémé européen mélangé avec de la matière grasse végétale (notamment l’huile de palme asiatique), est juste incroyable à suivre. Et cette boisson est surtout exportée en Afrique de l’Ouest qui a instauré une barrière douanière peu protectrice de ses éleveurs et de ses filières de transformation du lait local. Un vrai dumping fiscal, mais aussi écologique quand on connait les impacts catastrophiques de la production d’huile de palme.
Soja, bétails européens et paysanneries sud-américaines, le grand gâchis.
Le film révèle l’impact de la culture de soja dans les pays du Sud. Polluante, destructrice de forêts, appauvrissantes pour les paysans, cette culture sert à nourrir le bétail européen entre autres.
Autre continent, autre culture, même constat alarmant. Après le lait européen en Afrique, le soja en Amérique du sud est un fléau pour les paysanneries du Sud. Laurent Levard, responsable de programme au GRET, explique ici les circuits agricoles d’échange sud-nord. Marielle Palau, chercheuse paraguayenne au Centre de recherches sociales Base IS du Paraguay et coordinatrice du rapport « Con la soja al cuello 2018 », démontre les conséquences sociales, sanitaires et environnementales de l’importation du soja paraguayen en Europe. Le constat est dramatique : les paysans locaux sont expropriés de leur terre, le soja OGM s’est généralisé, le taux de déforestation au Paraguay est le deuxième plus élevé du monde, le nombre de cas de cancers de la population paysanne a explosé. Enfin la biodiversité paraguayenne est en danger du fait de cette surexploitation de la terre par la culture du soja.
Agriculture et consommation européenne, même combat, même défi pour le climat !
Le film présente les impacts de l’agriculture européenne et la responsabilité du modèle alimentaire des Européens dans le changement climatique. L’exemple de la production d’agro-carburants est révélateur.
Le système agricole européen actuel émet beaucoup de gaz à effet de serre, surtout dans la phase de production, mais il est nécessaire de prendre aussi en compte d’autres sources d’émission comme la fabrication des engrais azotés. C’est ce que révèle l’étude que nous présente Cyrielle Denhartigh, du Réseau Action Climat (RAC). Selon elle, dans notre agriculture agro industrielle, il existe une augmentation de l’utilisation des emballages plastique, des produits « super transformés », du transport… Ainsi le coût carbone européen est très élevé. La conclusion est qu’il y a urgence à améliorer la publicité et l’information sur notre alimentation (valeur nutritionnel, origine, phase de transformation…) afin que le citoyen pèse sur les modes productifs. L’exemple de la production d’agro-carburants en Europe est aussi symptomatique de ce dysfonctionnement. Pierre Maison, de la Confédération Paysanne, confirme cette situation et milite pour une agriculture plus respectueuse des populations et de la nature. Enfin Jean-Baptiste Fauré, adjoint au sous-directeur Europe, au ministère de l’Agriculture soutient lui qu’il n’y a pas de problème avec la PAC mais plutôt une inadaptation des pratiques commerciales.
La PAC est en enjeu majeur dans les élections européennes !
Le film présente les différents points de vue d’acteurs politiques français et européens sur la PAC dans la perspective du scrutin européen du 26 mai.
Le film présente les analyses très critiques de Maria Heubuch, rapporteuse allemande de la Commission Développement Durable du Parlement européen. Et des positions à contre-courant des réalités actuelles. Elle défend un modèle d’agriculture plus humain, plus respectueux des échanges avec les pays du Sud et surtout plus respectueux de la planète, tant au niveau du climat que de la protection de l’environnement. Il s’agit aussi dans cette vidéo d’entendre, sur la PAC, les arguments des candidat·e·s des principales listes se présentant pour les élections européennes. Benoit Biteau (Europe Ecologie – Les Verts) parle de la nécessité de finir avec les pesticides, les herbicides et de tourner vers des systèmes agro écologiques. Ramon Dureau (La France Insoumise) souligne le bilan social et économique de la PAC, désastreux pour les petits agriculteurs européens . Pour lui, il faut tout changer puisque la PAC est néfaste au Nord comme au Sud. Il affirme que pour finir avec le dumping des produits européennes, il faut en finir avec le libéralisme. Irène Tolleret ( Liste « Renaissance » composé de La République en Marche, Modem,…) souligne la nécessité de mener une PAC plus respectueuse des paysanneries, de l’environnement et de la biodiversité. Guillaume Balas (génération.s) parle de réorienter la PAC et de redéfinir les deux piliers, prône la nécessité d’en finir avec un libre échange sans des clauses démocratiques, écologistes, etc. Pascal Erard du CFSI et Philippe Jahshan, président de Coordination Sud, concluent les débats par une synthèse percutante et ouvrant les champs des possibles.
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