le 20/04/2011 par Coordination SUD, Réseau action climat

Copenhague, décembre 2009 : climat et pauvreté même combat

Le Protocole de Kyoto, adopté en 1997, n’impose qu’à une quarantaine de pays industrialisés de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 5% par rapport au niveau de 1990. Objectif bien maigre par rapport aux recommandations des scientifiques pour éviter les pires impacts du réchauffement global…

Deux impératifs pour lutter contre le changement climatique

Au cours du XXème siècle, la température globale a augmenté de 0,74°C. Pour éviter un emballement de la machine climatique et des impacts irréversibles pour la nature et les populations, l’augmentation de la température ne doit pas excéder +2°C d’ici la fin du siècle par rapport au niveau de la température préindustrielle.

Pour avoir le maximum de chances d’y parvenir, le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) indique que les pays industrialisés devront réduire leurs émissions de 25% à 40% d’ici à 2020 et de 80% à 95% d’ici à 2050 par rapport au niveau de ces émissions en 1990. Les pays en développement devront quant à eux limiter de 15% à 30% l’augmentation de leurs émissions pour 2020. ,

Des objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre ne seront malheureusement pas suffisants. Les impacts négatifs du dérèglement climatique se font déjà sentir, en particulier chez les pays et les populations les plus vulnérables sur la santé, l’approvisionnement en eau, les cultures agricoles etc. Des mesures et des stratégies d’adaptation doivent donc être mises en place au plus vite.

Réductions drastiques des émissions mondiales et mesures d’adaptation aux impacts du changement climatique constituent donc les deux impératifs du futur régime international de lutte contre le changement climatique.

L’avenir du climat : une responsabilité partagée entre pays du Sud et du Nord

Aujourd’hui, pays industrialisés et pays en développement émettent autant de gaz à effet de serre en volume absolu (46% et 53% respectivement). Cependant, les pays industrialisés ne représentent que 20% de la population mondiale. Par ailleurs, des divergences notables existent entre les pays, au niveau de leurs émissions par habitant. Un américain émet environ 20 tonnes équivalent CO2 par an, un européen 9 tonnes, un chinois 4 tonnes et un kenyan 0,2 tonnes. Enfin, tous les pays ne bénéficient pas des mêmes capacités pour s’attaquer au problème si l’on s’en réfère à leur PIB/habitant.

Par conséquent, à Copenhague, il ne s’agira pas de choisir entre lutte contre le réchauffement climatique ou lutte contre la pauvreté mais bien de concilier les deux. A Bali, fin 2007, les pays en développement ont accepté d’engager après-2012 des actions de limitation de leurs émissions mais à la condition pour cela d’être soutenus par les pays industrialisés via des financements et des technologies adéquats.

Une récente étude de la Commission européenne estime les besoins financiers pour la réduction des émissions des pays en développement à 71 milliards d’euros par an d’ici 2020. L’ONG Oxfam International estime quant à elle les besoins des pays en développement en matière d’adaptation à 40 milliards d’euros par an d’ici à 2020. C’est donc 110 milliards d’euros par an qui devront être mobilisés en soutien à des politiques de réduction et d’adaptation dans les pays en développement.

Malheureusement, à l’heure de mettre de l’argent sur la table, les pays industrialisés trainent des pieds. Ils ne sont pas plus enclins à annoncer leurs futurs objectifs de réduction pour 2020. Seule l’Europe s’est engagée à réduire ses émissions de 20% pour 2020 ou de 30% si elle juge l’accord de Copenhague satisfaisant. Mais cet engagement reste bien en deçà des exigences de la science pour éviter le pire….Le rôle des Etats-Unis sera également déterminant pour obtenir un accord ambitieux à Copenhague. Mais avec une progression de leurs émissions de +15% depuis 1990, il est à craindre que leur objectif de réduction pour 2020 ne soit pas à la hauteur. Le Japon, la Russie et le Canada restent quant à eux silencieux sur leur objectif de réduction à moyen terme.

Copenhague, le rendez-vous à ne pas manquer

Le nouvel accord post-2012 devra aussi s’orienter vers davantage de différenciation des actions de réduction des émissions pouvant être entreprises par les pays en développement. En effet, certains pays en développement sont devenus de gros émetteurs de gaz à effet de serre et devront limiter leurs émissions pour maintenir le réchauffement de la planète en deçà de 2°C d’ici la fin du siècle. D’autres pays, en particulier les pays les moins avancés et les petits Etats insulaires en développement devront être les premiers bénéficiaires des financements dédiés à l’adaptation aux impacts du changement climatique.

Les négociations actuelles souffrent d’un manque de confiance entre les Parties, les pays en développement se crispant de plus en plus face au peu d’exemplarité des pays industrialisés quant à leurs futurs objectifs de réduction et engagements en terme de soutien financier.

Pourtant, sans cette confiance, il sera très difficile d’obtenir un accord à Copenhague entre tous les pays, les décisions se prenant par consensus. Il reste un peu moins de trois mois aux pays industrialisés pour témoigner de leur réelle volonté de lutter contre le changement climatique par des efforts de réduction sur leur propre territoire et par un soutien approprié et effectif à la réduction des émissions et à l’adaptation des pays en développement. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent atteindre leur maximum d’ici à 2015. Copenhague représente donc la dernière chance pour la Communauté internationale d’inverser la tendance.

Tout au long de l’année 2009, le Réseau Action Climat, ses associations membres et les ONG de solidarité internationales regroupées au sein du groupe climat et développement de Coordination SUD maintiendront la pression sur les négociateurs et les institutionnels français pour qu’ils s’engagent de manière ambitieuse à Copenhague et qu’ils s’acquittent de leur dette climatique vis-à-vis des pays en développement.

Morgane Créach
Réseau Action climat France (RAC France)

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