LE PORTAGE POLITIQUE DES ENJEUX D’EAU, D’ASSAINISSEMENT ET D’HYGIENEPOLITIQUE DE DEVELOPPEMENT DE LA FRANCE
Pourquoi l’EAH ne fait-il pas l’objet d’un portage politique à haut niveau par les décideurs français ? Comment expliquer cette absence de leadership politique de la France sur ce sujet ?
La question apparait d’autant plus importante que cela n’a pas toujours été le cas. Pendant les années 90-2000, la France a été à la pointe des sujets liés à l’eau sur la scène internationale en étant notamment très active dans l’adoption des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). En 2003, sous la présidence de Jacques Chirac, la France a organisé le G8 d’Evian consacré à l’eau. Afin de préparer ce sommet, le Président a chargé Michel Camdessus, ancien directeur du FMI, de rédiger un rapport consacré au financement de l’accès à l’eau pour tous. En 2005, la France a adopté sa première stratégie pluriannuelle sur l’eau et l’assainissement et le Parlement a voté la loi Oudin-Santini[1] permettant la mise en place du « 1% solidaire eau » dans le cadre de la coopération décentralisée. Dans cette même décennie, l’Etat a appuyé la création de la Coalition Eau et du Partenariat Français pour l’Eau. Il a également été décidé que la France accueillerait le Forum Mondial de l’Eau en 2012 à Marseille. En 2008, Jacques Chirac a prononcé un discours[2] célèbre appelant à consacrer l’accès à l’eau comme un droit fondamental, à la tribune de l’UNESCO. Enfin, la France a soutenu la résolution de l’Assemblée Générale des Nations Unies (AGNU) de 2010 reconnaissant les droits humains à l’eau et à l’assainissement.
L’objectif de la présente étude est d’identifier de potentielles explications au manque de portage politique du sujet de l’EAH, depuis plusieurs années, dans le cadre de la politique internationale de la France, tout en suggérant des pistes et des recommandations pour renforcer le leadership politique sur ce sujet.
Pour conduire cette étude, une dizaine d’acteur.rice.s du secteur de l’eau et/ou de la solidarité internationale ont été interrogé.e.s : des responsables d’ONG membres de la Coalition Eau ou d’ONG partenaires (Secours Islamique France, Action Contre la Faim, Oxfam France, Coordination Sud, le Gret), des réseaux multi-acteurs (pS-Eau, Partenariat Français pour l’Eau), ainsi que le personnel du MEAE. Ce document constitue une synthèse des idées partagées par les différent.e.s répondant.e.s.
[1] Voir la présentation de la Loi Oudin-Santini par le pS-Eau : https://www.pseau.org/fr/questions-frequemment-posees-sur-loi-oudin-santini
[2] « L’accès à l’eau est un droit humain universel » Jacques Chirac :